lc202 - Corpus Luiginorum - Nouvelle édition augmentée CAMMARANO Maurice
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Preis : 29.00 €
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Autor : CAMMARANO Maurice
Verleger : Editions Gadoury
Sprache : Italien
Beschreibung : Monaco 2021, broché, (21,5 x 29,7 cm), 240 pages, nombreux types illustrés, indices de raretés, chronologies, tableaux et historiques
Gewicht : 930 g.
Artikel
En 1998, le commandant Maurice Cammarano, grand numismate italien et collectionneur émérite de « luigini », à l’époque commandant du port de Gênes dans le civil, publia sous le titre CORPUS LUIGINORUM un " Recueil général des pièces de cinq sols ou douzièmes d’écus dits
« Luigini » 1642-1723". Ce remarquable ouvrage, très supérieur au "Répertoire général des Luidgini" (sic) publié en 1989 par Jean-René De Mey dans sa collection Numismatic Pocket n°52, était co-édité par le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France et les Editions numismatiques le Louis d’or à Monaco, alors dirigées par Romolo et Claude Vescovi disparus en 2013 et 2012 respectivement.
C’était un très bel ouvrage cartonné de 408 pages, édition bilingue en français et italien, les luigini rappellons-le étant d’origine française malgré leur appellation italienne. Préfacé par Michel Amandry, alors directeur du Cabinet des médailles de la BnF, ce Recueil général etc. établi par le commandant Cammarano occupait dans le livre 336 pages dans lesquelles
étaient décrits 405 luigini différents, répertoriés par l’auteur selon sa conception des luigini que nous ne partageons pas (voir plus loin). Ensuite, les pages 337 à 404 étaient consacrées à des monnaies conservées au Cabinet des médailles de la BnF : d’abord description de la collection du Cabinet des médailles par Michel Dhénin (p. 337 à 369, 215 nos) puis, par M. Dhénin et Jean Duplessy, description d’un trésor de 407 luigini trouvé en Grèce.
Cet ouvrage, auquel j’avais apporté un modeste concours notamment dans la rédaction des pages 2 à 5 montrant le passage des monnaies françaises de 5 sols aux « luigini » ligures (texte essentiel pour la compréhension de l’ouvrage) s’imposa immédiatement comme la référence en matière de luigini.
Toutefois, dès cette époque, je fus obligé d’exprimer certaines réserves plus ou moins importantes. D’abord, j’étais en désaccord avec le choix arbitraire de l’auteur et de l’éditeur monégasque de considérer fallacieusement comme des luigini les pièces françaises de 5 sols au millésime 1670 et postérieures. Cette conception m’a toujours paru aberrante historiquement et scientifiquement fausse, le phénomène des luigini disparaissant totalement en 1670-1671 après les décris prononcés par l’Empire Ottoman. Considérer comme luigini les pièces françaises de 5 sols pour le Canada qui ne sont naturellement jamais allées au Levant, puis celles des années 1680 suivies par celles de la période des réformations jusqu’à Louis XV en 1723 relève d’une méconnaissance de la nature des luigini, de l’ignorance de leur histoire et d’une vision étriquée de collectionneur privilégiant la culture du nombre sur celle de la vérité scientifique. J’étais également en total désaccord sur l’assimilation des pièces de 10 kreutzers (ou creutzers écriture suisse) de Neufchâtel à des luigini, ces monnaies n’ayant jamais eu le moindre rapport avec le Levant, ni sur l’attribution fallacieuse à Malte de luigini qui furent sans doute frappés en principauté de Monaco, peut-être à Menton comme j’en fais l’hypothèse ; un auteur italien ancien et controversé, malheureusement suivi par M. Cammarano qui aurait été mieux inspiré de lire à ce sujet Adrien de Longpérier, a tout simplement confondu des fleurs d’oranger avec des fleurs de coton lors d’une mauvaise lecture des armoiries de la famille Cotoner d’où furent issus des Grands maîtres de l’Ordre de Malte. J’avais alors remarqué que si l’auteur était bien au courant des publications italiennes relatives aux luigini ainsi que des catalogues de vente des professionnels, en revanche son ignorance des travaux français était abyssale. En particulier, les écrits de référence d’Adrien de Longpérier sur les luigini, notamment ceux publiés dans la Revue numismatique et le Journal des Savants, étaient totalement méconnus alors qu’ils font autorité, ayant été écrits à partir des archives de la principauté de Dombes que M. Cammarano ne connaît pas. Sous ces réserves ciblées, l’ensemble de l’ouvrage donnant globalement pleine satisfaction, l’auteur et l’éditeur monégasque, ainsi que le Cabinet des médailles, méritaient des félicitations.
La nouvelle version 2020 du CORPUS LUIGINORUM est beaucoup plus courte puisqu’elle ne compte que 240 pages, toutes en italien, le français ayant disparu de même que les deux apports du Cabinet des médailles de la BnF. Une nouvelle présentation, avec resserrement des textes, a permis de gagner de la place, presque toute la partie écrite de 1998 en italien étant conservée. En particulier, l’auteur a heureusement conservé (en italien seulement) le texte des pages anciennes 2 à 5 intitulé des monnaies françaises de 5 sols aux « luigini » ligures, texte essentiel qui explique la genèse des luigini ainsi que leur développement.
En revanche, il faut déplorer la suppression des quatre pages de bibliographie qui figuraient dans la première édition : elles montraient que l’ouvrage n’était pas destiné seulement à des collectionneurs mais qu’il avait un caractère scientifique. L’as pect commercial de la nouvelle édition est accentué par la présence de cotations en deux états pour chacun des exemplaires répertoriés (406 numéros avec des sous-numéros variés). La disparition de la bibliographie est regrettable : elle appauvrit le niveau de l’ouvrage, en échange d’une économie insignifiante de quatre pages gagnées sur le total. Il aurait fallu au contraire la corriger, la compléter et la développer car, malgré ses quatre pages, elle était trop succincte et comportait des lacunes.
Notons un point très positif : l’auteur ajoute aux dessins de 1998 des photos concernant les couronnes, les lambels et les lis. On ne peut que l’en féliciter. Sur le fond de l’ouvrage, Maurice Cammarano fait connaître de nombreuses variétés nouvelles, inédites par rapport à la version 1998. Cela fera la joie des collectionneurs auxquels cette nouvelle version est destinée. Nous sommes vraiment en présence d’un « CORPUS » dans lequel l’auteur fait connaître toutes les nouvelles variétés qu’il a pu recenser. Ce recensement systématique de la moindre variété permet de mieux connaître les luigini et les nombreux carrés qu’il a fallu graver pour les frapper, compte tenu de leur quantité considérable. Nous savons en effet depuis Tavernier (1680) que leur production totale fut estimée à environ 180 millions d’exemplaires. On regrettera que l’auteur n’ait aucunement tenu compte des publications françaises sur les luigini parues depuis 1997, notamment celles des Annales du Groupe numismatique de Provence, des Cahiers numismatiques (cf mars 1998 n°135), du Bulletin de la Société française de numismatique (cf. décembre 2017) ainsi que de l’ouvrage sur Les monnaies des princes souverains de Monaco (1997), préfacé par le prince Rainier III. C’est dommage car il aurait pu ainsi donner une certaine dimension scientifique à son catalogue pour collectionneurs. On regrettera également qu’il ait conservé le chapitre sur Neuchâtel, celui erroné sur Malte sans justification, laissé comme incertaine une pièce allemande publiée en 1998, ainsi et surtout que son choix arbitraire des pièces françaises de 5 sols jusqu’à Louis XV inclus. De ce fait, son livre n’apparaît pas comme un nouveau CORPUS LUIGINORUM remplaçant celui de 1998 mais beaucoup plus comme une mise à jour de ce dernier par l’inclusion de nouveaux exemplaires différents depuis 1998 ainsi que de cotations absentes de la première édition. Ces réserves faites, nous recommandons vivement au lecteur d’acquérir cette seconde version du CORPUS LUIGINORUM du commandant Cammarano car elle fournit une nouvelle référence plus complète que celle de 1998. Mais nous recommandons également d’accompagner l’utilisation de cet ouvrage par le recours au Bulletin de la Société française de numismatique n°72-10 décembre 2017 ainsi qu’au catalogue de l’exposition organisée en octobre 2020 au Musée des
Timbres et des Monnaies de Monaco sur le thème La principauté de Monaco et le commerce en Méditerranée avec le Levant au temps des Luigini (XVIIe siècle), catalogue présenté dans le Bulletin Numismatique n°205 p.18. Ces deux publications en langue française faisant connaître la nature et l’importance du phénomène des luigini, par delà leur simple collection, le nouveau répertoire du commandant Cammarano devient, apprécié par rapport à leur contenu, le
catalogue pour le moment idéal de classification des luigini. On rêverait d’un ouvrage réussissant la fusion de l’ensemble.
CORPUS LUIGINORUM, par Maurice Cammarano, Mona-co 2020, Éditions Victor Gadoury (21x29,7 mm), broché, 240 pages, illustrations en couleurs, publié en italien, 29€.
Christian CHARLET Bulletin Numismatique n°207 - Avril 2021.
« Luigini » 1642-1723". Ce remarquable ouvrage, très supérieur au "Répertoire général des Luidgini" (sic) publié en 1989 par Jean-René De Mey dans sa collection Numismatic Pocket n°52, était co-édité par le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France et les Editions numismatiques le Louis d’or à Monaco, alors dirigées par Romolo et Claude Vescovi disparus en 2013 et 2012 respectivement.
C’était un très bel ouvrage cartonné de 408 pages, édition bilingue en français et italien, les luigini rappellons-le étant d’origine française malgré leur appellation italienne. Préfacé par Michel Amandry, alors directeur du Cabinet des médailles de la BnF, ce Recueil général etc. établi par le commandant Cammarano occupait dans le livre 336 pages dans lesquelles
étaient décrits 405 luigini différents, répertoriés par l’auteur selon sa conception des luigini que nous ne partageons pas (voir plus loin). Ensuite, les pages 337 à 404 étaient consacrées à des monnaies conservées au Cabinet des médailles de la BnF : d’abord description de la collection du Cabinet des médailles par Michel Dhénin (p. 337 à 369, 215 nos) puis, par M. Dhénin et Jean Duplessy, description d’un trésor de 407 luigini trouvé en Grèce.
Cet ouvrage, auquel j’avais apporté un modeste concours notamment dans la rédaction des pages 2 à 5 montrant le passage des monnaies françaises de 5 sols aux « luigini » ligures (texte essentiel pour la compréhension de l’ouvrage) s’imposa immédiatement comme la référence en matière de luigini.
Toutefois, dès cette époque, je fus obligé d’exprimer certaines réserves plus ou moins importantes. D’abord, j’étais en désaccord avec le choix arbitraire de l’auteur et de l’éditeur monégasque de considérer fallacieusement comme des luigini les pièces françaises de 5 sols au millésime 1670 et postérieures. Cette conception m’a toujours paru aberrante historiquement et scientifiquement fausse, le phénomène des luigini disparaissant totalement en 1670-1671 après les décris prononcés par l’Empire Ottoman. Considérer comme luigini les pièces françaises de 5 sols pour le Canada qui ne sont naturellement jamais allées au Levant, puis celles des années 1680 suivies par celles de la période des réformations jusqu’à Louis XV en 1723 relève d’une méconnaissance de la nature des luigini, de l’ignorance de leur histoire et d’une vision étriquée de collectionneur privilégiant la culture du nombre sur celle de la vérité scientifique. J’étais également en total désaccord sur l’assimilation des pièces de 10 kreutzers (ou creutzers écriture suisse) de Neufchâtel à des luigini, ces monnaies n’ayant jamais eu le moindre rapport avec le Levant, ni sur l’attribution fallacieuse à Malte de luigini qui furent sans doute frappés en principauté de Monaco, peut-être à Menton comme j’en fais l’hypothèse ; un auteur italien ancien et controversé, malheureusement suivi par M. Cammarano qui aurait été mieux inspiré de lire à ce sujet Adrien de Longpérier, a tout simplement confondu des fleurs d’oranger avec des fleurs de coton lors d’une mauvaise lecture des armoiries de la famille Cotoner d’où furent issus des Grands maîtres de l’Ordre de Malte. J’avais alors remarqué que si l’auteur était bien au courant des publications italiennes relatives aux luigini ainsi que des catalogues de vente des professionnels, en revanche son ignorance des travaux français était abyssale. En particulier, les écrits de référence d’Adrien de Longpérier sur les luigini, notamment ceux publiés dans la Revue numismatique et le Journal des Savants, étaient totalement méconnus alors qu’ils font autorité, ayant été écrits à partir des archives de la principauté de Dombes que M. Cammarano ne connaît pas. Sous ces réserves ciblées, l’ensemble de l’ouvrage donnant globalement pleine satisfaction, l’auteur et l’éditeur monégasque, ainsi que le Cabinet des médailles, méritaient des félicitations.
La nouvelle version 2020 du CORPUS LUIGINORUM est beaucoup plus courte puisqu’elle ne compte que 240 pages, toutes en italien, le français ayant disparu de même que les deux apports du Cabinet des médailles de la BnF. Une nouvelle présentation, avec resserrement des textes, a permis de gagner de la place, presque toute la partie écrite de 1998 en italien étant conservée. En particulier, l’auteur a heureusement conservé (en italien seulement) le texte des pages anciennes 2 à 5 intitulé des monnaies françaises de 5 sols aux « luigini » ligures, texte essentiel qui explique la genèse des luigini ainsi que leur développement.
En revanche, il faut déplorer la suppression des quatre pages de bibliographie qui figuraient dans la première édition : elles montraient que l’ouvrage n’était pas destiné seulement à des collectionneurs mais qu’il avait un caractère scientifique. L’as pect commercial de la nouvelle édition est accentué par la présence de cotations en deux états pour chacun des exemplaires répertoriés (406 numéros avec des sous-numéros variés). La disparition de la bibliographie est regrettable : elle appauvrit le niveau de l’ouvrage, en échange d’une économie insignifiante de quatre pages gagnées sur le total. Il aurait fallu au contraire la corriger, la compléter et la développer car, malgré ses quatre pages, elle était trop succincte et comportait des lacunes.
Notons un point très positif : l’auteur ajoute aux dessins de 1998 des photos concernant les couronnes, les lambels et les lis. On ne peut que l’en féliciter. Sur le fond de l’ouvrage, Maurice Cammarano fait connaître de nombreuses variétés nouvelles, inédites par rapport à la version 1998. Cela fera la joie des collectionneurs auxquels cette nouvelle version est destinée. Nous sommes vraiment en présence d’un « CORPUS » dans lequel l’auteur fait connaître toutes les nouvelles variétés qu’il a pu recenser. Ce recensement systématique de la moindre variété permet de mieux connaître les luigini et les nombreux carrés qu’il a fallu graver pour les frapper, compte tenu de leur quantité considérable. Nous savons en effet depuis Tavernier (1680) que leur production totale fut estimée à environ 180 millions d’exemplaires. On regrettera que l’auteur n’ait aucunement tenu compte des publications françaises sur les luigini parues depuis 1997, notamment celles des Annales du Groupe numismatique de Provence, des Cahiers numismatiques (cf mars 1998 n°135), du Bulletin de la Société française de numismatique (cf. décembre 2017) ainsi que de l’ouvrage sur Les monnaies des princes souverains de Monaco (1997), préfacé par le prince Rainier III. C’est dommage car il aurait pu ainsi donner une certaine dimension scientifique à son catalogue pour collectionneurs. On regrettera également qu’il ait conservé le chapitre sur Neuchâtel, celui erroné sur Malte sans justification, laissé comme incertaine une pièce allemande publiée en 1998, ainsi et surtout que son choix arbitraire des pièces françaises de 5 sols jusqu’à Louis XV inclus. De ce fait, son livre n’apparaît pas comme un nouveau CORPUS LUIGINORUM remplaçant celui de 1998 mais beaucoup plus comme une mise à jour de ce dernier par l’inclusion de nouveaux exemplaires différents depuis 1998 ainsi que de cotations absentes de la première édition. Ces réserves faites, nous recommandons vivement au lecteur d’acquérir cette seconde version du CORPUS LUIGINORUM du commandant Cammarano car elle fournit une nouvelle référence plus complète que celle de 1998. Mais nous recommandons également d’accompagner l’utilisation de cet ouvrage par le recours au Bulletin de la Société française de numismatique n°72-10 décembre 2017 ainsi qu’au catalogue de l’exposition organisée en octobre 2020 au Musée des
Timbres et des Monnaies de Monaco sur le thème La principauté de Monaco et le commerce en Méditerranée avec le Levant au temps des Luigini (XVIIe siècle), catalogue présenté dans le Bulletin Numismatique n°205 p.18. Ces deux publications en langue française faisant connaître la nature et l’importance du phénomène des luigini, par delà leur simple collection, le nouveau répertoire du commandant Cammarano devient, apprécié par rapport à leur contenu, le
catalogue pour le moment idéal de classification des luigini. On rêverait d’un ouvrage réussissant la fusion de l’ensemble.
CORPUS LUIGINORUM, par Maurice Cammarano, Mona-co 2020, Éditions Victor Gadoury (21x29,7 mm), broché, 240 pages, illustrations en couleurs, publié en italien, 29€.
Christian CHARLET Bulletin Numismatique n°207 - Avril 2021.